bloc notes

Des circonstances particulières font que je peux achever quelques lectures restées en suspens. Une page du quotidien belge « Le Soir » (www.lesoir.be) d’abord : on y lit (édition des 20 et 21 octobre) un entretien avec l’universitaire Steffen Lehndorff au sujet du prétendu modèle allemand. L’Allemagne est en effet donnée en exemple à une Europe en crise. Mais est-ce le bon exemple ? Difficile d’en extraire une phrase sans déséquilibrer la pensée de l’auteur. Celle-ci, tout de même : « Pour le dire franchement, l’Allemagne fait supporter à ses partenaires européens les conséquences de l’inégalité sociale qui explose à l’intérieur de ses frontières ».

Dans le domaine de la littérature, l’excellent ouvrage d’Hubert  Mingarelli, « Un repas en hiver » (Stock).   Avec ce livre, Mingarelli tisse sa toile autour de son thème de prédilection : l’homme pris au piège. Nous sommes cette fois au temps, si proche, des charniers de la Pologne meurtrie par les croix gammées. Trois soldats, pour éviter les « fusillades » (les exécutions de juifs) préfèrent « la chasse », à savoir la traque aux juifs cachés dans les bois ou terrés dans des abris de fortune. On les suit dans ce périple jusqu’au huis clos qui les met en présence  du juif capturé et d’un polonais de rencontre, foncièrement antisémite. Un roman terrible sur la soumission, le conditionnement, la condition humaine. Et ce n’est pas à cause de la neige glacée qui couvre les paysages où se meuvent les personnages que l’on ne peut réprimer un frisson dans le dos…

Au cours des trois dernières semaines, cinq sénateurs (qui ne siègent pas sur les mêmes bancs) ont  interrogé le gouvernement sur l’avenir du Plan Européen d’Aide aux plus Démunis (PEAD) dont j’ai parlé précédemment. Ces questions sont toutes en attente de réponse du ministre.

Prendre le temps de la réflexion, c’est bien. Il va tout de même falloir faire fissa : c’est le 23 novembre que les chefs d’Etats Européens vont devoir statuer sur l’avenir du PEAD…

Les pauvres devraient être riches ou patrons: peut-être seraient-ils entendus plus vite ?...

En attente, aussi, de réponse claire et positive : la question du financement amputé du « Printemps des poètes » (voir mon article « Un mauvais signal » du 3 octobre). On sait que si des engagements sans ambiguïté ne sont pas pris par le Ministère de l’Education Nationale, c’est la survie même du « Printemps des poètes » qui est en cause. Plusieurs organes de presse se sont fait l’écho de l’émotion des responsables et amis de cette belle initiative. Une pétition est en ligne et je vous invite à la signer : www.printempsdespoetes.com

Hier, le prix Médicis Etranger a été attribuéà l’un des plus grands écrivains israéliens Avraham B. Yehoshua pour son roman « Rétrospective » paru chez Grasset/Calmann-Lévy. La traduction en a été assurée par notre ami, Jean-Luc Allouche, membre de notre Conseil Municipal de Courlon. Félicitations !

J’ai proposé à mes collègues du groupe « Citoyens et solidaires » au Conseil Général de diffuser le communiqué de presse ci-dessous :

Communiqué de presse du groupe « Citoyens et solidaires » au Conseil Général de l’Yonne.

Vendredi 23 novembre, les Chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union Européenne devraient statuer sur l’avenir du Programme Européen d’Aide aux plus Démunis (PEAD). Ce programme créé en 1987 permet d’apporter une aide alimentaire à 18 millions de citoyens des 19 états membres qui en bénéficient. En France, il est réparti principalement entre quatre associations : les Restos du Coeur, les Banques Alimentaires, le Secours Populaire et la Croix Rouge. Pour chacune d’entre elles le PEAD représente un apport décisif dans leur mission d’aide alimentaire et de promotion de l’insertion des publics en situation de précarité. Ce programme, qui représente un tiers de l’aide alimentaire, permet ainsi de distribuer 130 millions de repas par an. De toujours plus nombreux Icaunais en sont bénéficiaires. En 2011, à la suite d’une décision de la Cour de Justice Européenne, le PEAD a été mis en sursis jusqu’à la fin 2013. La Commission Européenne travaille actuellement sur un projet dont la taille serait de 30% inférieure à celle du PEAD. C’est totalement inacceptable tant les inégalités ne cessent de croître : on estime à 40 millions le nombre de femmes et d’hommes qui souffrent de privation matérielle aigüe. Nous, élus du groupe « Citoyens et solidaires » au Conseil Général de l’Yonne assurons de notre entier soutien, les Restos du Coeur, la Banque alimentaire, le Secours Populaire Français, et la Croix Rouge pour exiger la reconduction de l’aide alimentaire et la revalorisation de son montant.

Sur les ondes de France Inter, hier matin, Pascale Clark ironisait à propos de la phrase de Najat Vallaud-Belkacem. Celle-ci, au sujet de l’exposition incessante de prétendus « couacs » gouvernementaux avait eu cette expression, jolie à mon goût, qu’elle destinait aux grands moyens d’information : faire beaucoup de mousse avec peu de savon.

Mais un « couac » chasse l’autre. Affolement dans le sérail hier : les sénateurs du « groupe communiste, républicain, citoyen et parti de gauche » ont opposé    l’exception d’irrecevabilité sur un aspect de la proposition de loi dite Loi Brottes (pour une transition vers un système énergétique sobre). Alors là, les détecteurs de couacs et chasseurs de canards s’en sont donné à cœur joie ! De l’ « entorse » au « coup de canif » dans le « pacte majoritaire », certains n’avaient pas de mots assez durs afin de pourfendre cet acte rebelle… Mais qui pour dire de quoi il s’agit ?...

Le texte de la proposition de loi part de l’idée selon laquelle les ménages gaspillent. Or nos concitoyens sont sensibles aux enjeux environnementaux et prêts à agir. Reste que de nombreuses dépenses d’énergie sont contraintes : logements mal isolés, incapacité à acquérir des matériels à basse consommation, manque d’information… Dans ce cadre, le « bonus-malus » prévu à l’article 1^er. (qui ne s’applique qu’aux ménages et non au secteur tertiaire pourtant très énergivore) serait un dispositif très injuste : il frapperait les plus modestes, déjà victimes de la précarité énergétique. « Qu’en est-il des personnes âgées qui ont besoin de plus de chaleur, des personnes handicapées qui ont besoin de matériel électrique, de ceux qui sont exposés plein Sud, des logements collectifs ? » questionnait une sénatrice.

La question de la performance et de la transition énergétiques est incontournable. Il y a en la matière du grain à moudre… Et matière à vigilance : il semble que le fameux rapport Gallois remettrait en selle l’exploitation des gaz de schiste…

On songe à la phrase imputée au chef Sioux, Sitting Bull : «  Quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors le visage pâle saura que l’argent ne se mange pas ».  

L’événement ne passera pas inaperçu. L’équipe de l’ « Entente Sportive Vinneuf-Courlon » (ESVC) a accompli l’exploit dimanche dernier en battant « Semur-Epoisses » par 4 à 2 en Coupe de Bourgogne. Félicitations aux joueurs, aux entraîneurs et aux dirigeants !

Cela ressemble à une avalanche. Pas un instant sans qu’un commentateur, un organe de presse, une émission radiodiffusée ou télévisée n’assènent une leçon d’économie. En la matière, on ne manque pas de compétitivité ! Microéconomie, macroéconomie, tout y passe…

A y regarder de près, pourtant, comme les discours se ressemblent !… Aussi, pour échapper à la monotonie -qui engendre la morosité- faut-il chercher les analyses qui se démarquent.

Par exemple, les « économistes atterrés » dont j’ai déjà parlé. La visite de leur site internet (www.atterres.org), salutaire, alimente la réflexion. L’un d’eux, Christophe Ramaux (maître de conférences, centre d’économie de La Sorbonne), vient de publier, dans un hebdomadaire, un texte stimulant : « Indépassable Keynes, même le FMI l’admet ! ». Reprenant les dernières déclarations de Christine Lagarde, directrice du FMI, qui préconise en matière de réduction des déficits et des dettes publiques « un tempo un peu plus souple », il démontre que les politiques néolibérales en œuvre en Europe aboutissent à une impasse complète : « la baisse des dépenses publiques provoque la récession ce qui, non seulement fait exploser le chômage, mais réduit les recettes fiscales, de sorte que les déficits publics ne se réduisent pas ou peu ». Ineptie économique et régression sociale d’un même pas…     

On m’interroge sur la dernière phrase de mon précédent article : sens caché ?

Pas exactement. Plutôt le fruit d’un constat.

Depuis quelque temps - c'est-à-dire, pour être précis, depuis le changement de gouvernement- la majorité départementale s’est découvert un attrait profond, inaltérable et touchant pour le département de la Corrèze.

Le groupe de gauche est contre l’abandon de la gratuité des transports scolaires ? Regardez la Corrèze !

Le groupe de gauche souhaite des taux directeurs plus élevés pour les établissements et services médicaux et médico-sociaux? Voyez donc la Corrèze !

Le groupe de gauche questionne, propose, interroge ? La Corrèze !

Message reçu. La Corrèze, dont on sait que le Conseil Général était présidé par François Hollande (depuis 2008), est l’argument ultime et -semble-t-il- le plus abouti de nos collègues de la majorité départementale, bien heureux de trouver là un semblant d’unité.

Alors la Corrèze, on regarde ?

Ce département a été dirigé par la Droite sans interruption 23 ans durant. En 8 ans, elle a multiplié la dette par 8 et en a fait le département le plus endetté de France : 300 millions d’euros de dette au dernier budget établi par Droite ! Le triple de la moyenne nationale. 30% de plus que le deuxième département le plus endetté !

Mais, peu importe, nos collègues de la majorité départementale n’en démordent pas : la Corrèze et puis c’est tout. Pour l’histoire, repassez donc…

Emoustillés, certains perdent le bon sens corrézien. J’entends hier : « c’est votre gouvernement qui !… ». Objection : d’abord et jusqu’à preuve du contraire, il s’agit du gouvernement de la République. Ensuite, ouvre les yeux un minimum, collègue : le groupe « solidaires et citoyens » est composé de sensibilités diverses. Tous ne se reconnaissent pas au même degré dans les orientations gouvernementales. Je t’explique ?

Ah, je vous vois venir, prévisibles: bientôt vous sortirez une motion protestant contre les transferts de compétences non accompagnés des moyens correspondants. Oublieux vous serez du fait que cela fait des années que cela dure et que nous n’avez pas protesté.

Eh bien moi je rappellerai que les engagements de l’Etat -quelle que soit la couleur politique du gouvernement- doivent être tenus et que le défaut de compensation grève sérieusement le budget des départements. Que les carences de l’Etat contredisent le vœu majoritaire de nos concitoyens en faveur d’une solidarité renforcée. Que le financement de la solidarité doit rester national. Que l’Etat doit garantir que l’ensemble des Françaises et des Français soient logés à la même enseigne. Oui, il faut remonter à la source : ce sont les équilibres financiers de tous les départements qui sont ébranlés par le financement incohérent d’une partie de la solidarité nationale, ce qui appelle des réformes de fond.

Fatigant l’histoire ? Fatigant de remonter à la source ?

Essayez donc la Corrèze….

La Commission Permanente du Conseil Général se réunissait ce vendredi. Suivie d’une session de Conseil Général ayant pour ordre du jour une décision budgétaire modificative et un rapport particulier concernant le taux directeur des établissements et services sociaux et médico-sociaux.

Lors de la Commission Permanente, les rapports se succèdent et sont adoptés sans difficultés majeures. Ils ont été travaillés en commissions et font l’objet, le plus souvent, d’un consensus.

On s’arrête un bon moment sur le rapport concernant la mise en place de l’ « éco-taxe nationale poids lourds ». Conformément au « Grenelle 1 » de l’environnement, la loi de finances 2009 a instauré cette taxe qui vise à faire payer à tous les poids lourds (français et étrangers) de plus de 3,5 T l’usage du réseau routier national et de certaines routes départementales et communales. Pour l’Yonne : la RD 606 et la RD 660. La société « Ecomouv » a été désignée par l’Etat pour prélever cette taxe. Le problème réside dans la répartition du produit de cette taxe qui devrait s’établir à 1,7 milliards d’€ par an : 900 millions pour l’Etat, 300 pour la société Ecomouv, 400 pour les concessionnaires d’autoroutes. Et seulement 100 millions pour les collectivités locales! Une clé de répartition bien déséquilibrée comme on peut le voir…

Puis vient le temps de la session du Conseil Général proprement dite. Brusque changement de ton. A Guy Paris qui, pour notre groupe, intervient sur les choix opérés dans la décision modificative (choix qui, pour être comptables, n’en restent pas moins des choix) au titre de l’action sociale, le Président répond vertement, tout juste courtois… Le prochain débat d’orientation budgétaire promet d’être musclé ! Mieux vaut recharger les batteries avant qu’il n’arrive. En Corrèze, par exemple ?....

On lira ci-dessous l'hommage à Patrick Esnault que j'ai prononcé cet après-midi.

Comment trouver les mots ?

Comment dire à Martine, Yannick et Laëtitia, à Manon, Marius, Gabin et Rose, à la maman de Patrick, ses frères, sœur et belle-sœur, à son beau-père et son beau-frère que nous sommes là, emplis d’humilité, pour leur tenir la main cette épreuve durant ?

Comment traduire ce bouleversement de sentiments, cette souffrance intérieure, cette peine immense, cette plaie béante qui nous habitent désormais? Traduire, c’est apprendre à se taire dans une autre langue, dit-on. Laissons donc celle des convenances, des stéréotypes et des clichés. Et laissons parler notre cœur…

Patrick, c’est toute une adoption. Il tombe amoureux du village où Martine vécut une partie de sa jeunesse, Courlon, et l’adopte sans réserve. Ils y font édifier leur maison en 1989. Patrick poursuit sa fonction de secrétaire général (« secrétaire perpétuel » avait-il aimé que monsieur le maire de Châteaufort - ­M. Pannetier - le nomme) à la mairie de Châteaufort, donc, dans les Yvelines pendant que Martine exerce des fonctions similaires à Toussus-le-Noble, le village voisin.

La vie professionnelle achevée, une autre vie active commence. Elle n’éloigne pas Patrick des collectivités locales : il découvre un nouveau rôle, proche mais distinct des années antérieures, celui d’élu. Elu Conseiller Municipal en 2008, il sait se faire adopter d’emblée par ses collègues et la population. Compétent, pédagogue, profondément humain, pétillant de malice, il devient une pièce incontournable de notre Conseil. En 2009, il est adjoint chargé des finances. Le « sinistre des finances » plaisantait-il… et son apport en la matière est sans commune mesure, clair, rigoureux, efficace. En 2011, il est élu Vice-président de la Communauté de Communes Yonne Nord, chargé de la culture et de la communication. Il prend sous sa coupe l’organisation du Salon des Arts, il dote les véhicules communautaires du logo de la CCYN, il suit avec attention les activités de l’école de musique et de théâtre Yonne-Nord comme les développements de la situation du Centre de gestion des enseignants musiciens et danseurs, il fait éditer l’agenda communautaire, pilote la publication de divers documents, contribue à améliorer le site internet de la CCYN, s’implique dans la montée en puissance du Contrat Local d’Education Artistique…il a l’intercommunalité au cœur. C’est peu de dire que, là encore, il s’impose comme une pièce maîtresse de la direction de la Communauté de Communes.

Patrick, Patrick Esnault… 

Nous t’avons tous entendu dire, si l’on écorchait ton nom : Esnault, on ne dit pas ecargot, on dit escargot. Donc on dit Esnault ! Argument imparable derrière lequel nous nous rangions. Pour faire bonne figure, nous t’appelions Pat…

Pourtant avançais-je, le Hainaut est une belle province : politique culturelle et touristique développées, 11 sites et événements reconnus par l’Unesco, ça ne pouvait que te plaire…On y trouve même des sites fluviaux d’exception, des kilomètres de voies navigables… Toi qui aimais tant « le bateau ivre » de Rimbaud : « Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots… ». Mais, à ce sujet, pas de négociation possible, Esnault, un point c’est tout.

On dit donc Esnault, comme on dit escalier. Escalier…combien de fois l’as-tu gravi, celui qui mène au sous-sol de la mairie où tu organisas un nouveau local pour les archives communales que tu classas avec méthode. Cette même méthode, pragmatique, concrète, bienveillante que tu impulsas au sein de notre commission des finances et qui constitue un acquis précieux.

Ainsi touchas-tu du doigt qu’être élu local, ça ne s’improvise pas.

Il y faut du courage, tu n’en manquais pas.

Il y faut de la constance, tu n’en étais pas dépourvu.

Il y faut de l’enthousiasme, tu en étais débordant.

Quelles que furent les difficultés, tu allais toujours là où ton regard voyait briller l’espérance. Là où ton souci de l’équité, de la justice te guidait. Vers les arts aussi, la musique et la lecture : tu étais très attaché à notre bibliothèque municipale et tu n’avais de cesse qu’elle puisse se développer encore.

Et puis, comme le bateau d’Arthur, tu t’es « baigné dans le poème ». Avec quelle joie tu t’engageas dans la réalisation du promenoir poétique dès lors que notre commune reçut le label « Village en poésie » !

J’ai songé alors à ces vers de Lamartine

« J’étais comme ce bronze épuré par la flamme,

Et chaque passion, en frappant sur mon âme,

En tirait un sublime accord »…

Prends ces vers avec toi, Patrick, ils t’appartiennent.

Tu vois, Pat, notre tristesse n’est pas une outre que l’on comblera avec des larmes. Nous ne sommes pas là, meurtris, pour te dire adieu. Mais pour tenir allumée la lumière. Celle que tu déposas délicatement au plus profond de nous-mêmes.

Merci Patrick.