On lira ci-dessous l'hommage à Patrick Esnault que j'ai prononcé cet après-midi.
Comment trouver les
mots ?
Comment dire à Martine, Yannick et Laëtitia, à Manon,
Marius, Gabin et Rose, à la maman de Patrick, ses frères, sœur et belle-sœur, à son beau-père et son beau-frère que nous sommes là, emplis d’humilité, pour leur tenir la main cette épreuve
durant ?
Comment traduire ce bouleversement de sentiments, cette
souffrance intérieure, cette peine immense, cette plaie béante qui nous habitent désormais? Traduire, c’est apprendre à se taire dans une autre langue, dit-on. Laissons donc celle des
convenances, des stéréotypes et des clichés. Et laissons parler notre cœur…
Patrick, c’est toute une adoption. Il tombe amoureux du
village où Martine vécut une partie de sa jeunesse, Courlon, et l’adopte sans réserve. Ils y font édifier leur maison en 1989. Patrick poursuit sa fonction de secrétaire général
(« secrétaire perpétuel » avait-il aimé que monsieur le maire de Châteaufort - M. Pannetier - le nomme) à la mairie de Châteaufort, donc, dans les Yvelines pendant que
Martine exerce des fonctions similaires à Toussus-le-Noble, le village voisin.
La vie professionnelle achevée, une autre vie active
commence. Elle n’éloigne pas Patrick des collectivités locales : il découvre un nouveau rôle, proche mais distinct des années antérieures, celui d’élu. Elu Conseiller Municipal en 2008, il
sait se faire adopter d’emblée par ses collègues et la population. Compétent, pédagogue, profondément humain, pétillant de malice, il devient une pièce incontournable de notre Conseil. En 2009,
il est adjoint chargé des finances. Le « sinistre des finances » plaisantait-il… et son apport en la matière est sans commune mesure, clair, rigoureux, efficace. En 2011, il est élu
Vice-président de la Communauté de Communes Yonne Nord, chargé de la culture et de la communication. Il prend sous sa coupe l’organisation du Salon des Arts, il dote les véhicules communautaires
du logo de la CCYN, il suit avec attention les activités de l’école de musique et de théâtre Yonne-Nord comme les développements de la situation du Centre de gestion des enseignants musiciens et
danseurs, il fait éditer l’agenda communautaire, pilote la publication de divers documents, contribue à améliorer le site internet de la CCYN, s’implique dans la montée en puissance du Contrat
Local d’Education Artistique…il a l’intercommunalité au cœur. C’est peu de dire que, là encore, il s’impose comme une pièce maîtresse de la direction de la Communauté de Communes.
Patrick, Patrick Esnault…
Nous t’avons tous entendu dire, si l’on écorchait ton
nom : Esnault, on ne dit pas ecargot, on dit escargot. Donc on dit Esnault ! Argument imparable derrière lequel nous nous rangions. Pour faire bonne figure, nous t’appelions
Pat…
Pourtant avançais-je, le Hainaut est une belle
province : politique culturelle et touristique développées, 11 sites et événements reconnus par l’Unesco, ça ne pouvait que te plaire…On y trouve même des sites fluviaux d’exception, des
kilomètres de voies navigables… Toi qui aimais tant « le bateau ivre » de Rimbaud : « Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les
flots… ». Mais, à ce sujet, pas de négociation possible, Esnault, un point c’est tout.
On dit donc Esnault, comme on dit escalier.
Escalier…combien de fois l’as-tu gravi, celui qui mène au sous-sol de la mairie où tu organisas un nouveau local pour les archives communales que tu classas avec méthode. Cette même méthode,
pragmatique, concrète, bienveillante que tu impulsas au sein de notre commission des finances et qui constitue un acquis précieux.
Ainsi touchas-tu du doigt qu’être élu local, ça ne
s’improvise pas.
Il y faut du courage, tu n’en manquais
pas.
Il y faut de la constance, tu n’en étais pas
dépourvu.
Il y faut de l’enthousiasme, tu en étais
débordant.
Quelles que furent les difficultés, tu allais toujours
là où ton regard voyait briller l’espérance. Là où ton souci de l’équité, de la justice te guidait. Vers les arts aussi, la musique et la lecture : tu étais très attaché à notre bibliothèque
municipale et tu n’avais de cesse qu’elle puisse se développer encore.
Et puis, comme le bateau d’Arthur, tu t’es
« baigné dans le poème ». Avec quelle joie tu t’engageas dans la réalisation du promenoir poétique dès lors que notre commune reçut le label « Village en
poésie » !
J’ai songé alors à ces vers de Lamartine
« J’étais
comme ce bronze épuré par la flamme,
Et chaque
passion, en frappant sur mon âme,
En tirait un
sublime accord »…
Prends ces vers avec toi, Patrick, ils
t’appartiennent.
Tu vois, Pat, notre tristesse n’est pas une outre que
l’on comblera avec des larmes. Nous ne sommes pas là, meurtris, pour te dire adieu. Mais pour tenir allumée la lumière. Celle que tu déposas délicatement au plus profond de
nous-mêmes.
Merci Patrick.