Week-end riche en manifestations. Les 40 ans de Perceneige, les Journées du
Patrimoine, le Salon des Arts à La Chapelle-sur-Oreuse. Et l’inauguration du promenoir poétique à Courlon-sur-Yonne. J’y ai prononcé ce discours :
« De la musique avant toute chose », citait
Nathalie tout à l’heure.
Et de la musique après notre « Longue
Marche »… nous voici donc au cœur de la symphonie des mots. Merci à vous, chers collègues élus, …(citer), merci à Nathalie qui nous a si
bien conduits d’un poète à l’autre , au groupe vocal Khélis dirigé par Guy Printemps, merci à Jean-Luc, aux membres du Conseil municipal, à Dino de la société Publidis, à nos agents, à toutes
celles et tous ceux qui ont contribué à la concrétisation de ce projet. Merci à vous, Célia et Maryse, qui représentez le « Printemps des poètes ».
Permettez-moi d’énoncer une forte et chaleureuse pensée en l’instant présent pour notre
ami Patrick Esnault, qui forme avec Jacky, Dany et Christina l’équipe de mes adjoints, et qui livre actuellement une courageuse bataille contre une terrible maladie. Je sais combien il aurait été
comblé d’être parmi nous aujourd’hui. Qu’à cela ne tienne, Patrick, bientôt nous songerons à créer des prolongements à ce promenoir poétique. Et tu seras avec nous pour les concevoir et les
concrétiser !
Chers amis,
Cela a été dit tout à l’heure, la poésie n’a rien d’utilitaire. Elle est un mode
d’expression particulier, différent de tous les autres. Elle est ce souffle qui nous rappelle que rien n’est insignifiant. Parfois quelques vers suffisent à dire une vérité, à changer notre
perception première, à transformer notre regard.
La scie va dans le bois
Le bois est séparé
Et c’est la scie
Qui a crié
écrit Guillevic.
Qui, hors la poésie, aurait songé au cri de la scie ?
Sa manière d’exister dans la langue est sans commune mesure avec toutes les autres. Elle
recèle ce je ne sais quoi d’unique et de mystérieux. Elle est aussi ce mot que l’on appelle au secours lorsqu’on se trouve incapable de définir l’infiniment sensible, l’immensément touchant. En
ce sens au moins, la voilà utile !…
Mais la poésie a la vie dure !
Malmenée dans la presse où, à de belles exceptions près, elle a presque disparu ;
trop souvent repoussée dans les marges de la production éditoriale, encoignée loin de la vitrine des boutiques du livre, la voilà apparemment contrainte au retrait.
Mais elle conquiert ses lecteurs un à un. Qui à leur tour se font passeurs de poèmes,
« souffleurs de mots »…
La poésie a la vie dure : adoucissons-la quelque peu. Notre modeste contribution, par
ce promenoir qui évoluera au cours du temps, nourrit cette ambition : offrir au passant la communion avec la respiration du poète. Parsemer le chemin de nos concitoyens de pépites
inattendues, de petites étoiles écloses.
Ecoutez
Puisqu’on allume les étoiles
C’est qu’elles sont à quelqu’un
nécessaires…
selon Maïalovski.
« Courlon, village en poésie », c’est l’affirmation d’une identité, c'est-à-dire
non pas d’une nature -sinon une nature en mouvement- mais d’un projet.
« Courlon, village en poésie », c’est la reconnaissance que le besoin de poésie
est profondément ancré en chacun de nous.
« Courlon, village en poésie », c’est un affectueux clin d’œil aux poètes
anonymes ou déclarés, aux amoureux des mots qui n’abandonnent pas la plume.
« Courlon, village en poésie », c’est une perche qui vous est tendue , communes
du Nord de l’Yonne, pour vous engager sur le même chemin.
« Courlon, village en poésie » c’est une suggestion pour le Département de
l’Yonne qui n’est pas vierge en la matière : je songe aux revues, aux maisons d’édition (Par exemple, et sans exhaustivité, les éditions Obsidiane, celles de La renarde Rouge - notre amie Joëlle Brière est aujourd’hui présente-. Je songe à Mallarmé, à Colette,
Marie-Noël, Emile Peynot, Henri Montassier…qui sais-je encore ? Je songe au tuteur de François Villon, dans le Tonnerrois… Jules Roy et son « homme à la licorne », Rétif de la Bretonne, Marcel Aymé, Jacques
Lacarrière, Jean Vautrin… Tous ces auteurs, nés dans l’Yonne, qui y ont vécu ou y vivent encore…
Faisons dans ce terreau floraison !
Imaginons, Direction des Affaires Culturelles du Conseil général en liaison avec
l’Association départementale de Tourisme de l’Yonne, avec l’appui de la Bibliothèque Départementale de l’Yonne et des bibliothèques de réseau, une initiative autour de la poésie dans l’Yonne.
Créons la route des poètes de l’Yonne, tout aussi enivrante qu’une route des vins, mais titillant l’esprit plus que l’éthylotest ...
A Courlon, en tout cas, après cette première pierre -ou cette première étoile-, nous
serons au rendez-vous du 15ème anniversaire du Printemps des Poètes en mars prochain.