SDDEA.

Le Schéma Départemental soumis à notre appréciation, Monsieur le Président, chers collègues, relève plus du Schéma Mal Identifié que d’un SDDEA, titre qu’il affiche fièrement en page de garde.

Son objet consiste -est-il indiqué- en une redéfinition de « la politique de soutien du Département dans le domaine de l’enseignement artistique et d’actualiser ses modalités d’intervention. » En ce qui concerne la méthode, il est écrit qu’eurent lieu des rencontres avec les élus « pour élaborer les propositions ». Permettez-moi de mettre deux bémols à cette affirmation puisqu’en guise d’élaboration de propositions les élus de la 5^ème. Commission eurent droit à deux présentations. L’une au Collège Paul Bert mais, rappelez-vous, il s’agissait d’un point d’étape et, surtout, il n’y avait pas le temps nécessaire pour débattre. La seconde, vendredi dernier, présentation somme toute formelle puisque le projet était bouclé.  Ce n’est faire injure à personne que de le rappeler.

Je lis aussi avec intérêt (P2) que des remerciements sont adressés à divers services ou organismes : toute courtoisie est bienvenue. Mais je m’interroge sur le fait que figure dans cette énumération « Vosges Arts Vivants » et la DAC du CG des Vosges : certes l’air est sain dans les Vosges - notre collègue Jean-Marie Jost vient de rappeler que respirer est un besoin fondamental de l’être humain-…, certes cela nous change de l’évocation maintes fois réitérée ici de la Corrèze, mais pourquoi les Vosges ? Quelles similitudes entre nos deux départements ? La question vaut d’être posée d’autant que, à y regarder de près, l’on découvre que « Vosges Arts Vivants » est une association qui a pour mission de favoriser le développement de la musique, de la danse et du théâtre. C'est-à-dire, une structure équivalente à l’ADDIM, qu’il a été décidé ici, dans l’Yonne de dissoudre. Qu’à cela ne tienne, par un mimétisme d’une fraîcheur toute juvénile, le CGEMD deviendra sous peu « Yonne Arts Vivants », preuve que l’esprit créatif reste une denrée rare…

Toujours est-il que nos collègues Vosgiens ont, eux, le mérite d’asseoir leurs décisions et leurs pratiques sut la musique, le théâtre et la danse.  Ici, il n’en est rien : ce SDDEA n’est en réalité qu’un SDDEM puisqu’il ne traite que de l’enseignement musical et de la pratique musicale. Un complément d’étude est annoncé « dans la foulée » pour approfondir la danse, le théâtre et l’enseignement artistique à l’école. Ainsi, le projet tel qu’il nous est soumis est-il incomplet et l’on peut se demander pourquoi, dans ces conditions, le présenter sous cette forme.

Incomplet, le SDDEM ne traduit pas un véritable projet culturel pour le Département de l’Yonne. Il traduit surtout la difficulté majeure -qui n’est pas résolue en l’état- de prendre en compte les dérives qui ont pu se produire dans les toutes dernières années au sujet de la politique musicale icaunaise alors même que l’ensemble bâti au fil des ans nous était envié par d’autres départements. Et de mettre en place les dispositions pour que nous soyons à l’abri de la réapparition  de dérives similaires.

Il laisse en suspens cette question - ou n’y répond pas avec une netteté suffisante-:

- Le Département veut-il accompagner, soutenir les collectivités dans la mise en œuvre et le développement de l’enseignement et la pratique de la musique ou, a contrario, entend-il tout régenter ? Quel est donc le sens profond, l’orientation qui régit le SDDEM ?

Nous pourrions prendre des points ci et là dans le corps du document afin de les interroger. Par exemple, des interrogations se dessinent au sujet du devenir des écoles associatives. Ou encore, il est question (P27) d’un comité de pilotage du réseau chargé du suivi de l’application su Schéma, affirmation assortie de vagues suppositions quant à sa composition. « Il pourrait se composer… » peut-on lire.

L’emploi du Conditionnel pose un véritable problème. On le trouve aussi page 23 au sujet du CRD d’Auxerre qui « deviendrait un organisme de formation….et viendrait affirmer son rôle de ressource au sein du SDEA ».

Il s’agit donc d’un projet soumis à des incertitudes, répondant à des hypothèses. Il ne fixe pas un cap, n’énonce pas d’objectifs réalisables en usant du, mode indicatif.

Il mêle ce qui doit être et ce qui pourrait être. Difficile dans ce cas de savoir ce qui sera vraiment…ou pas.

Pour toutes ces raisons, je ne voterai pas ce schéma départemental.