La différence

Voici deux jours,  j’étais branché sur les ondes d’une radio nationale bien connue pour nous faire « écouter la différence ». Ce matin-là, la différence s’appelait Xavier Bertrand. Ancien ministre, député de l’Aisne,  maire de Saint-Quentin et candidat à la candidature pour être candidat, il expliquait aux auditeurs qu’il faut plafonner les allocations familiales parce qu’on ne peut plus continuer à donner à tout le monde. Et il eut cette phrase : « En 1945, tout allait bien, mais maintenant… ».

Je me suis pincé et j’ai repris mes cours d’histoire.  1945, c’est juste la fin de la seconde guerre mondiale, voyons cela : 37 000 km de voies ferrées endommagées, 1900 ouvrages d’art, 4000 ponts routiers, 80% des quais portuaires détruits ou hors d’usage ;  444 800 immeubles totalement détruits,

1 555 000 endommagés. 53 500 exploitations agricoles, 60 000 exploitations industrielles anéanties. Deux tiers des wagons de marchandises, deux tiers des cargos, trois quarts des pétroliers,  quatre cinquièmes des péniches perdus. Stocks de charbon et de fer pratiquement inexistants. Fichtre, Xavier, en 1945, tout allait bien ?

Peut-être, Xavier, voulais-tu te réjouir du fait que, en 1945, la perspective d’application du programme du Conseil National de la Résistance (« les jours heureux ») laissait entrevoir la promotion de réformes indispensables, l’affirmation des libertés fondamentales. La création de nouveaux droits ainsi qu’un plan complet de sécurité sociale. « Ainsi sera rendue possible une démocratie qui unisse au contrôle effectif exercé par les élus du peuple la continuité de l’action gouvernementale » concluait le programme du CNR. Alors là, chapeau Xavier, tu t’émancipes !

Ne rêvons pas : tu t’es sans doute plus simplement trompé dans tes dates. Tant pis; ça aurait quand même bien fait plaisir à Stéphane Hessel que tu prennes ce chemin…