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Jean-Jacques PERCHEMINIER -

Chez nous...

31 Mars 2013, 17:06pm

Publié par JJacques Percheminier

Au mur, une affiche du Front National Jeunesse : « On est chez nous ! ».

Arrêtons-nous sur le sens de ce slogan. J’imagine deux jeunes frontistes, on les appellera Marinetto et Collardinet. C’est nuit. Nos deux compères, depuis tout petits, n’ont pas grand sens de l’orientation. Le sort s’acharne : ils ont un peu abusé de la bibine. Pire : ils ont oublié leur lampe torche !

C’est donc à périlleux tâtons qu’ils retrouvent leur domicile, non sans avoir tenté d’ouvrir les portes des voisins… Cette fois, c’est la bonne : ils appuient sur le commutateur, reconnaissent la cuisine, le réfrigérateur et le poste de télévision. Ils sont soulagés, Marinetto et Collardinet. Ils soupirent : « ça y est, on est chez nous ! ».

Et ils en font une affiche.

Prenons garde à ne pas trop sourire. « On est chez nous » : derrière ces mots, il y a autre chose de bien plus grave. Sur quoi il faut ouvrir les yeux. Quelque chose de l’ordre de « nous chez nous, les autres au diable »…

On sait aujourd’hui qu’avec l’aggravation de la crise les préjugés racistes augmentent et s’ancrent dans la durée. Selon la Commission Consultative des Droits de l’Homme, trois quarts des sondés considèrent les étrangers comme des « parasites ».

« Parasites », retenez-bien ce mot.

On le retrouve dans les phrases affligeantes de Louis-Ferdinand Céline, à propos des Juifs : « …ils n’ont rien à faire dans ce pays. Ils doivent foutre le camp. Ce sont des parasites inassimilables, ruineux, désastreux, à tous les égards, biologiquement, moralement, socialement(…) ils ne nous apportent que du malheur ».  Extrait de « L’école des cadavres ». Paru en 1938.

1938. A-t-on déjà oublié vers quelles horreurs ces mots ont conduit ?

Ouvrir les yeux, mobiliser les consciences, prendre le mal à ses racines.

Retrousser les manches.220px-Souad_Massi_2012.jpg

 

 

Aux faibles, aux puissants

Comme à mon frère

Ces quelques mots urgents

Dans l’atmosphère

Pour dire que tout reste à faire.

(Souad Massi en duo avec Francis Cabrel. "Tout reste à faire").

 

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