Boulette

Petite péripétie, hier en fin d’après-midi. J’étais dans cette bonne ville de Pont-sur-Yonne, préoccupé, l’esprit accaparé par les informations. Je venais d’ouvrir un paquet de cigarettes, ne le dites à personne, et j’avais dans la main droite, le petit bout de film libérant l’accès au tabac, froissé. La vitre de la voiture était ouverte. Machinalement, n’ayant conscience de rien, sans réfléchir, qualifiez cela comme vous l’entendez, je lâchai le froissis par la vitre. Un passant me fit les gros yeux ! Prise de conscience et retour sur terre: je venais de commettre un acte contre nature, dans tous les sens du terme. Je fis demi-tour un peu plus loin, revins et ramassai la boulette.

Et c’est là que je me suis dit ceci: si ça se trouve, Manu Valls, cette semaine, ça lui a fait le même coup! Préoccupé, l’esprit accaparé par de mauvais chiffres et de sombres présages, il a démissionné ses ministres et en a nommé quelques autres machinalement, n’ayant conscience de rien, sans réfléchir, qualifiez cela comme vous l’entendez.

Il suffirait donc qu'on lui fasse les gros yeux.

Alors, le Manu, il appellerait Pierre Gattaz pour lui dire, j'aime l'entreprise, ok, mais je préfère les travailleurs. Il dirait à Najat, te prends pas les pieds dans les NAP, ne confonds pas déstructurer l'école et la refonder. Un petit coup de fil aussi au Président de l'Association des Maires de France, allô Jacques, c'est pour te dire que les 11 milliards de baisse des dotations aux collectivités, j'annule, si, si. Et puis à Laurent Fabius, tu sais Laurent, il faudrait bien que la voix de la France sonne à nouveau dans la tempête internationale. Un petit tweet pour pester contre la hausse des dividendes et la financiarisation de l'économie. Après quoi, plongé dans Marx et Jaurès, il songerait à un nouveau cap et de nouvelles nominations.

SI cela se passe ainsi, moi, pour fêter ça, j'en grille encore une petite. Mais vitre fermée cette fois...